11 Janvier 2020
Nous étions allongés l'un contre l'autre dans le lit
Je m'enveloppais dans la chaleur de ton corps derrière moi
Ma main s'est glissée vers la tienne, elle s'y est installée et l'a doucement tirée vers mon ventre
J'ai emmêlé mes doigts avec mon amour dans les tiens.
Puis j'ai bougé.
Mon enveloppe extérieure est restée immobile.
Un observateur indiscret n'eût vu en nous que deux gisants en leur sommeil.
Mon intérieur a bougé.
J'ai serré.
J'ai entendu ton cri léger, ta surprise.
Puis j'ai détendu mon intimité, qui a relâché la partie de toi qui était en moi
Et l'a laissée flotter.
Mes doigts aimaient les tiens, emmêlés.
J'entendais ton silence, qui m'interrogeait,
"Comment fais-tu ça ?"
Je n'ai pas répondu. Je laissais cette partie de toi comme flotter au creux de moi, paisiblement.
Sans te prévenir j'ai serré à nouveau. Plus fort.
Mes doigts aimaient tes doigts. J'aimais ton cri.
Je t'ai relâché.
J'entendais ton attente.
J'aimais ton cri, ta surprise.
Puis je t'ai serré à nouveau. D'en bas.
Je t'ai relâché.
J'ai serré à nouveau, juste un peu plus haut.
Je t'ai relâché.
Puis un peu plus haut, je t'ai serré.
Relâché encore.
Un peu plus haut, très peu.
Je me suis ouverte à nouveau, puis serrée, encore un peu plus haut.
Tandis que je remontais ainsi le long de toi, j'entendais en tes gémissements la surprise et l'étonnement, la joie, ce plaisir encore inconnu de toi, un peu de peur aussi
Pour conjurer la peur mes doigts ont serré les tiens, très fort, avec toute la force de mon amour,
Et pas un instant mes doigts n'abandonneraient les tiens.
Je t'ai parcouru ainsi, lentement, de haut en bas, sans que ne bouge l'enveloppe extérieure de mon corps,
Et tu n'as pas bougé, toi non plus, dans l'attente de chaque nouvelle sensation, de chaque pulsation
Quand ma pulsation a atteint la douceur de ton sommet, tu as gémi, plus fort,
Et j'ai serré, serré, longtemps.
Jusqu'à entendre ton souffle s'épuiser.
Et je t'ai relâché, très peu de temps,
Très peu de temps car je ne voulais pas réveiller en toi la peur
Peur que je t'abandonne, mais mes doigts, leur amour, ne quittaient pas les tiens
Juste assez de temps pour que tu te sentes niché dans mon creux ouvert à toi
Que la sensation en toi s'épanouisse
Et – aussi – pour que ton souffle éperdu puisse retrouver son calme tranquille
Et j'ai recommencé.
Deux fois
Trois fois
Mon intimité t'aimait. Je t'aimais.
Alors j'ai attendu un peu pour entendre dans ton silence que la peur t'avait pour toujours quitté.
J'ai entendu ta confiance.
Et j'ai vraiment commencé.
D'en bas je suis repartie,
Mais je ne t'ai plus relâché
C'était, cette fois, une ondulation
Que j'ai fait remonter, très lentement, ou plus vite,
Puis ralentissant, plus lente encore
Infiniment lente.
Le long de ta partie qui était en moi,
Mais sans plus te quitter.
Je me sentais t'entourant
Avec force en un anneau mouvant
Je t'embrassais ainsi
Nous nous embrassions
J'étais lente, très lente
Et tu savourais l'attente
Arrivée en ton sommet, l'endroit de toi le plus doux en moi,
J'ai serré, ondulé, doucement, lentement,
De bas en haut, de haut en bas, puis je recommençais,
Vive puis infiniment lente
Je t'aimais
Mon corps t'aimait, nous nous aimions.
Je ne te quittais plus, je revenais ondulante
Sans qu'une parcelle de mon enveloppe extérieure ne bouge
Revenant en un instant tout en bas, puis je remontais, sans fin,
D'une lenteur infinie,
Puis soudain
Mon corps a lâché bride
Je ne savais plus où ni comment
J'ondulais
Autour de toi
Des bulles naissaient de nos ondulations
Roses, bleues, éclataient en moi
Serrée autour d'une partie de toi je ne savais plus laquelle
Eclataient, éclataient
En moi et autour de nous
Etait-ce moi ou ton hurlement que j'entendais ?
Etait-ce moi ou toi en moi qui ondulais ?
Je hurlais ou était-ce toi ce chant
Cette note perçante qui déchirait ma gorge
Cette volupté qui hurlait ton nom
Ou le mien ?
Je hurlais, je t'aimais je t'aimais tu m'aimais
Longtemps, longtemps notre chant a duré
Longtemps, longtemps notre extase nous a transportés
Ensemble vers des rivages dorés,
Des horizons infinis,
Nous nous aimions et j'emmêlais mes doigts dans les tiens.